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14 novembre 2018

Marché du livre : panique à bord

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De plus en plus de titres se vendent à moins de cent exemplaires, (cela on le savait) mais l’explication fournie laisse rêveur : une tendance engendrée notamment par la multiplication des petits éditeurs, la « microédition » encourageant la production à compte d’auteur et en version numérique.

Les petits et micro-éditeurs éditeurs qui sont assez souvent des viviers de création littéraire et qui n’ont, soulignons-le au passage, jamais accès aux pages littéraires de Télérama, apprécieront. Les voilà rendus responsables non seulement de la crise du marché du livre mais encore du recours à l’édition à compte d’auteur alors qu’ils sont les premiers à en dénoncer l’arnaque !

On passera sur les approximations de l’auteur de l’article qui jette dans le même sac poubelle cette micro-édition qu’il saisit de guillemets dédaigneux et la pratique du compte d’auteur. Il doit pourtant savoir que le compte d’auteur n’est tout simplement pas de l’édition et qu’il n’est pas dans les usages des micro-éditeurs dignes de ce nom.

En réalité, cette manière de déconsidérer le travail des petites et micro structures éditoriales mais aussi de l’auto-édition (qui est encore autre chose) exprime la panique de ceux qui s’en rendent coupables parce qu’ils ont des intérêts dans un système de production, de diffusion et de distribution du livre à bout de souffle et dont la fin par asphyxie les privera à court terme de leurs prérogatives. Cela fait du monde, notamment chez les responsables des grandes maisons d’édition et chez les journalistes qui leur servent encore la soupe !

Pas étonnant que tout ce beau monde s’énerve, surtout quand la prochaine étape de ces bouleversements dans la chaîne du livre verra les premiers auteurs de best-sellers migrer vers les plateformes d’auto-édition les plus performantes et les plus rémunératrices... Il ne faut pas croire que tous les hommes et femmes de lettres sont allergiques aux chiffres !

 

11 novembre 2018

La bonne étoile

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Tu regardes toujours à la fenêtre avant de te coucher car ce que tu vois dehors dans le halo du dernier réverbère est ta vie

 

Dans ce tableau nocturne le pré quelques buissons l’orme les frênes le chat la route où trotte parfois presque tranquille le renard

 

Pas grand-chose en somme mais tout ce dont pouvait sans doute rêver le pauvre gars dans les tranchées

 

Quelle chance fut la tienne de n’être pas ce pauvre gars

 

Ce clair de lune encadré par la fenêtre quel luxe

 

Cette fenêtre entre toi et le monde quelle chance

 

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 Photo : Depuis ma fenêtre (photo CC-E)

 

09 novembre 2018

Velocita, parfumeur

le grand variable,éditinter,épuisé,christian cottet-emard,aventures contemporaines,fiction onirique,couverture Gabriel Guy,blog littéraire de christian cottet-emardQuand je me perds, je m’égare vraiment pour de bon. Je ne suis pas de ces mirliflores qui racontent partout qu’ils n’ont aucun sens de l’orientation mais qui, en réalité, se débrouillent toujours pour retrouver leur chemin au bout d’une heure ou deux.

Après la fête foraine où j’ai mangé des frites avec de la mayonnaise, j’ai tourniqué dans de petites rues tortueuses et puantes qui m’ont baladé tant qu’elles l’ont voulu avant de m’expédier à l’entrée d’une place déserte avec statue équestre. Sous la statue, on pouvait prendre le métro. J’ai dévalé les marches qui descendaient vers les distributeurs automatiques de tickets et je me suis fait happer par une colonne compacte d’usagers qui s’est engouffrée dans les rames. Je me suis calé à la diable dans le sillage de corps crispés ou avachis, tous résignés à l’incessante promiscuité des villes. Chaque station expulsait ou absorbait un peu plus de ces foules canalisées dont le flux et le reflux dans les galeries semblaient rythmer les échanges circulatoires et respiratoires d’un organisme fiévreux, malsain, tendu en un perpétuel effort.

Non loin de la station Vapeur-Marquise qui dessert la gare depuis un pont aérien, j’ai entrevu avec stupeur un visage connu, noyé dans la confusion des passants, le visage de la femme aux cheveux couleur de belladone.

Je me suis extrait comme j’ai pu du métro, j’ai grimpé quatre à quatre les marches d’un escalier de métal, j’ai couru sur une passerelle rouillée, j’ai traversé des rails, j’ai sauté d’un quai à l’autre, j’ai bousculé un groupe de voyageurs en attente — elle était là, derrière eux... Encore quelques mètres... — et je me suis arrêté dans un grand vent moite qui plombait le ciel de nuages si sombres que les lampadaires de l’éclairage public se sont allumés comme à la nuit tombante.

Elle était là, la femme au cheveux couleur de belladone, figée dans un sourire de papier sous lequel on pouvait lire :

VELOCITA, PARFUMEUR.

(Extrait de mon livre Le Grand variable, éditions Editinter, 2001, épuisé. On me dit que je devrais le faire rééditer puisque j'ai retrouvé mes droits sur cet ouvrage mais j'hésite. De toute façon, on en trouve des exemplaires sur le marché de l'occasion (internet) et dans certaines bibliothèques, à la médiathèque municipale d'Oyonnax par exemple, pour les personnes de ma région qui me demandent où en prendre connaissance.)

Illustration (pour cette page en ligne uniquement) : peinture sur porte de garage à Barcelone (photo CC-E)